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Les sept fils du Derviche

Alain Santacreu

Quand un homme meurt, disent les Upanishads, sa parole se résorbe dans lez sens intérieur. Cette saveur inconnue d'un post mortem de la parole humaine, Les Sept Fils du Dervichenous la restitue dans la tradition retrouvée d'un grand récit visionnaire.

« L'instant d'avant, pourtant, j'ai atteint le désespoir, le point du souffle, cet orifice vide de la serrure où l'œil ouvre la porte au-delà. Hagard, je m'abandonne à la mort, jetant un dernier coup d'œil en arrière : la vie me quitte... Suis-je seulement né, moi qui voudrais mourir ? »

L'action commence à Toulouse pour se poursuivre à Istanbul et en Asie mineure. Mais en apparence seulement, car l'évocation progressive de la « caverne aux Sept Dormants » n'est peut-être pas qu'une lointaine légende du passé... Le voyage a d'abord lieu dans le mouvement même du récit, dans cette façon si singulièrement simple, quasi imperceptible et musicale d'emporter son lecteur dans le tourbillon vide en lui faisant danser le Nom du souffle de sa vie.

L'auteur : professeur de lettres, metteur en scène, écrivain à la recherche du sacré, Alain Santacreu a commencé à vivre sa mort dans la vie en écrivant ce roman. Cette expérience existentielle fondamentale sera à l'origine du Manifeste qui figure à la fin de ce livre, puis de la revue Contrelittérature, fondée en 1999, et de La Contrelittérature, un manifeste pour l'esprit, paru en 2005.

Lettre à la République

Hervé Dalmais

Mon Amour
Mon Orient
Ma République

Je suis français citoyen français à Valmy ils allaient pieds nus j'aime les héroïnes et les héros j'aime les mythes qui me font rêver d'Histoire je n'aime pas les uniformes ni les casques ni les bottes ni les armées coloniales ni mon reflet dans un bouclier de CRS je n'aime pas que l'on frappe les enfants au nom de la sécurité ceux qui sont derrière la visière les chefs de meute nous veulent sans armes mais en guerre provoqués mais démunis fragilités entretenues industrie de l'aléa meurtre de la durée pour un immédiat qui donne soif délitement des élites les ectoplasmes que nous avons élus ont-ils jamais songé à ce qu'irise ce mot élu ils nous servent sous vide un pays reconstitué qui n'est pas le nôtre...

Le son de la mer

L’autre obscénité

Nathanael FLAMANT

Un être qui s'effondre, c'est une expérience si intime, si violente. La foudre, je l'ai reçue un soir, d'une rupture amoureuse.

D'habitude, perdant l'autre, on attend de tourner la page. On se referme, on cicatrise, on enfouit – on repart. Le temps humain est un tapis roulant. Cette fois, je me suis arrêté. J'ai plongé, seul, pendant des mois.

Ce récif s'est écrit, sans savoir, par la fissure du cœur, quand je ne pouvais plus me souffrir moi-même. J'ai crié, pleuré jusqu'à l'obscène. L'écriture m'a mené, comme un coup elle aussi, vers le secret pris dans la glace.

On ne sait pas parler d'un secret : ce qu'il reste à toucher quand tout est rompu. Alors, un jour, dans la pesanteur de la grâce, c'est lui qui nous parle – d'avant nous, devant nous.

Le chaos de la liberté

Halima Hamdane

“Dans cette nuit qui s’épaissit, une part d’elle-même réclame un abri : des bras, une odeur, une présence. Elle donnerait ses larmes à boire, sa peau à labourer, ses lèvres à mordre. Elle s’ouvrirait à une virilité qui la ressusciterait. Mais sa peine vorace engloutit tout. Ni visage, ni corps, pas même quelques misérables effluves comme refuge. Ses souvenirs se dérobent, refusant de livrer leurs trésors. Les images sont floues, les visages étranges et les sens absents. Elle s’obstine à fouiller. En vain. La douleur qui l’habite occupe toute la place".

Une femme se penche sur son passé pour comprendre son présent douloureux. Elle ne cherche rien d’autre que d’échapper à la souffrance. Écrivant, elle entre dans sa vie comme elle ne l'a jamais vue. Son récit n'est plus narration, mais retour sur soi. Et dans ce retour sur soi, l'écriture agit comme une révélation.

Halima Hamdane, conteuse et écrivain, fait le pont entre la tradition orale marocaine et un mode romanesque intimiste. Elle a déjà publié Laissez-moi parler ! au Grand Souffle, un roman très bien accueilli par le public et la critique, récemment adapté pour la scène.

La soeur de l'Ange V - A quoi bon résister ?

revue semestrielle de philosophie et littérature
n° 5
À quoi bon Résister ?

• À quoi bon résister ? n'est pas un numéro fataliste. C'est un grand numéro d'éveil à la vie et à l'intelligence ! Il pose cette question fondamentale à chacun : qu'est-ce que résister aujourd'hui ? Résister à quoi ? A qui ? Pourquoi ? Comment ? Les réponses ne vont pas de soi, comme en témoigne ce numéro extrêmement riche, et très en prise avec l'actualité de notre pays.

• Comme à chaque numéro, des auteurs d'importance du passé et du présent : Nietzsche, Shakespeare, Thoreau, Bruno Doucey (directeur des éditions Seghers), Antonio Negri, Jean-Luc Moreau, Alain Brossat, Sarah Vajda, Alain Jugnon, Michel Host (ex-prix Goncourt), Gwen Garnier-Duguy, etc.

• Toujours dans la pratique du dissensus créateur, et non du consensus mou, ce numéro comporte : le témoignage bouleversant d'un ancien déporté des camps de concentration, une lettre ouverte provocante à l'Abbé Pierre d'une des co-fondatrices historiques d'Emmaüs, un entretien avec Sarah Vajda qui raconte le procès que lui intente actuellement Claire Chazal suite à la récente publication de son portrait critique, et le récit poignant d'une expulsion d'immigrés dans la banlieue parisienne.

• Mais aussi : le point de vue d'auteurs chrétiens qui s'insurgent contre le règne satanique de la publicité, ou contre le mariage homosexuel, le point de vue d'une philosophe proche du bouddhisme, de philosophes athées comme Alain Brossat qui distingue « endurance » et

« résistance », le point d'un psychanalyste sur la notion de « résistance » du point de vue de la pratique clinique freudienne. Il y a aussi un texte hautement subversif d'aurélien réal intitulé : l'espoir tue.

• Ce numéro tente également un petit tour du monde de ce que peut signifier « résister » ; par exemple aux Etats-Unis, (2 sociologues luttent contre la censure édictée par gouvernement Bush), puis une enquête très surprenante menée auprès de boxeurs professionnels dans la région de Chicago, au Japon, où un professeur défend la langue française contre la mafia japonaise, en Amérique du Sud, à travers un entretien avec un grand philosophe néo-marxiste : Paolo Virno... Enfin un dossier spécial sur un grand poète venu d'Haïti et son discours à l'Unesco : « Que peut la poésie dans un monde en crise ?